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L'argent des droits télé



Le spectacle télévisé a ainsi pris le dessus sur le "spectacle" en direct peut-être volontairement ce qui a permis à certains clubs très prestigieux d’être côtés en bourse. Sans entrer dans le détail, la création de la "Ligue des Champions" et son évolution (sorte de mini-championnat européen) réjouissent les télévisions : en effet il y a plus de matches donc plus de rencontres de prestige donc plus d'argent. Les télés privées (canal +, TPS, CANALSAT) investissent dans le foot via les droits de retransmission, il suffit de voir l’acharnement médiatique des différentes chaînes qui se disputent l’exclusivité des différents lots de retransmission des matchs de Ligue 1 pour un peu plus de 660 millions d’euros par an.

L'arrivée des grands groupes de communication dans le football est d'ailleurs synonyme de l'évolution à venir. Le patron de Pathé, possède 34% du capital de l’Olympique Lyonnais mais aussi présent dans le cinéma et les médias, il possède également la chaîne AB Sports tout en ayant des participations dans des chaînes à péage (Canal Satellite ou Kiosque).

Par conséquent, un danger potentiellement conséquent (surtout pour les petits clubs) est réel puisque l’argent des télévisions est pratiquement déversé qu’aux grands clubs puisque ce sont eux qui délivrent le spectacle donc ce sont eux qui sont diffusés la plupart du temps. Ainsi on serait tenté d’organiser un championnat d’Europe regroupant les clubs riches ce qui dévaloriserait les championnats nationaux.

Voici quelques chiffres permettant de se rendre compte de l'évolution des retransmissions télé des matchs de foot(et donc l'augmentation des droits télé dans le même temps)

  • En 1974, 10h de retransmission par an
  • En 1994, 509h de retransmission par an



Une hausse des revenus et des dépenses...



Cependant une crise potentielle pourrait bien apparaître un jour ou l’autre et remettrait surtout en question l'inflation incessante des dépenses, qui concerne surtout les salaires des joueurs. Le contraste entre la poursuite de la hausse de revenus des grands clubs (qui ont de quoi faire pâlir bon nombre d'autres chefs d'entreprise) et la croissance affolante des salaires est saisissant.
Lors de la saison 1999-2000, ces rémunérations ont augmenté de :

  • 30 % en Angleterre
  • 27 % en Italie
  • 19 % en France

C'est un rythme deux fois supérieur à celui des rentrées.

On peut prendre l’exemple du club de Manchester United qui a dépensé la coquette somme de 51 millions de livres (soit 82 millions d’euros) pour acheter seulement deux joueurs (Juan Sebastian Veron et Ruud Van Nistelrooy) alors que le club avait annoncé un profit de 43 millions d’euros pour l’année à venir.

"L'argent entré dans les caisses est aussitôt dilapidé au profit des joueurs, dont les salaires, primes et stock options peuvent constituer jusqu'aux deux tiers du budget des clubs. Au sein de la Premier League anglaise, 80 % des clubs sont endettés", explique Paul Rawnsley. Mais selon lui, les finances des clubs sont victimes de la loi « arrêt Bosman » mis en pratique par la Cour Européenne de Justice en 1995. Par conséquent il ne croit pas en la mise en place d’une limite nationale concernant les salaires. En effet si les salaires ne sont pas compétitifs, alors les stars claquent la porte. En Espagne, en Italie et en Angleterre, le football est moins réglementé qu'en France ou en Allemagne, ce qui encourage toutes les formes de surenchère.



...qui entraine une inégalité importante



Ce qui a pour autre conséquence négative l’élargissement du fossé entre les clubs riches et les clubs pauvres. Un tel climat d'âpreté au gain peut par ailleurs engendrer des scandales préjudiciables à la "bonne réputation du jeu", assure-t-il. La chute des titres des clubs européens côtés à la Bourse agissant sur l'absence de création de valeur illustre parfaitement cette crise. Mais ces clubs là ne sont pas forcément inquiets car ils bénéficient de la concurrence des chaînes de télévisions afin de percevoir des rentrées d’argent.

En Angleterre, ils peuvent désormais retransmettre leurs matches sur leur propre chaîne câblée 24 heures plus tard. L'audience connaît une croissance énorme et les chaînes continuent à prendre des participations dans les clubs. Son constat est identique en matière de merchandising et de sponsoring. Les sponsors continuent ainsi de payer car leur objectif principal est de vendre leur image à l'échelle mondiale. Les clubs anglais ont donc su développer un réservoir de supporteurs en Asie et aux Etats-Unis, qui intéressent les multinationales d'un point de vue commercial.

La vente de billets constitue :

  • 35 % des recettes des clubs en Angleterre
  • 31 % des recettes des clubs en Italie
  • 27 % des recettes des clubs en Allemagne
  • 25 % des recettes des clubs en Espagne
  • 22 % des recettes des clubs en France.
  • Les clubs du continent ont de la marge en ce qui concerne l’augmentation de prix. Le problème est que, à l'inverse de l'Angleterre, les stades appartiennent aux collectivités publiques, qui imposent des limites.



    Les revenus dus à la publicité



    Les échanges sportif-sponsors peuvent parfois se mélanger avec les relations que le sportif a avec son agent quand ceux-ci sont distincts. La gestion de l’image du sportif devient de plus en plus fondamentale, ceci est dû en particulier au phénomène de starisation de celui-ci. Ainsi il nous est possible, dans certains cas, d’oublier que ces personnes sont des sportifs avant tout et non pas des personnages de télévisions ou autres. Par conséquent une concurrence se crée entre l’agent et le sponsor du sportif. Les vedettes envahissent de plus en plus le domaine de la publicité. On les voit partout que ce soit dans la presse ou à la télé… Et les marques, quelque que soit leur secteur d'activité, tentent de les séduire à tout prix. Le succès de l'équipe de France de football en 1998 a permis à beaucoup de publicistes de profiter de cette élan. Zidane, Barthez, Petit, Lizarazu représentent aussi bien des marques de parfum, que des biscuits...

    Cependant, les sportifs ne sont pas les seuls à profiter de cette nouvelle mode d’association des vedettes aux marques. Les marques n'adoptent pas pour autant les mêmes stratégies de communication. Certaines entreprises choisissent leur cible en fonction de leur type de produit ou de leur clientèle alors que d’autres misent sur la renommée de leur client sans qu’il y est de rapprochement avec le produit présenté. La déferlante des joueurs de l'équipe de France de football qui s'associent avec tout type de marques diffusées sur nos écrans de télévision en est un bon exemple :

    • Zinédine Zidane : Leader Price, Volvic
    • Bixente Lizarazu : Lu, Petrol Han
    • Emmanuel Petit : Lu, Pepsi
    • Fabien Barthez : Mac Donald, Bic (rasoir)
    • Ces investissements en matière de communication sont colossaux, cependant, les marques, qui en ont fait l'expérience, conservent généralement cette stratégie. En effet, les retours sur investissement sont tout aussi importants : augmentation des ventes, amélioration de l'image de la marque... En étant l’un des plus beaux sports, le football devient l’une des plus belles vitrines : vitrine des villes désireuses d’attirer les investisseurs, vitrine des grands patrons désireux d’attirer les acheteurs (en 1929, Jean-Pierre Peugeot créait le F.C. Sochaux), ou bien vitrine des grands groupes souhaitant s’acheter une bonne conscience.

      En effet, c’est en 1998 que Danone participait à l’opération Cités Foot, opération devant permettre à des enfants d’Afrique et d’Amérique latine de jouer les levers de rideau de demi-finales de Coupe du Monde. De grandes affiches étaient exposées à Paris : « Mercredi, Moussa aura 80 000 spectateurs pour l’encourager ». Sur la photo, Moussa et Abdou jouaient au foot sur la place de leur village mais en fait ils n’étaient pas en France avec ceux de Cités Foot. Moussa et Abdou n’étaient pas leurs vrais prénom, les prénoms ont été inventés et les photos achetées : « nous voulions mettre des enfants de Cités Foot, mais leurs prénoms anglo-saxons ou imprononçables ne collaient pas à l’image que nous voulions donner. »

      Mais quelle image le football veut-il donner ?